Église Saint-Pierre à Lesgor

Un peu d'histoire

L'église Saint Pierre de Lesgor est l'église fortifiée la plus complète qui survit dans les Landes.

Inscrite sur la liste des Monuments historiques depuis 1970, elle est impressionnante par son architecture massive de défense et son donjon monumental de 12 mètres de haut et de 8 mètres de large. Construite en grès coquiller, elle incarne la splendeur guerrière dans une cuirasse de pierre, l'élancement vertical, la beauté régulière de ses lignes hautaines et fermes.  

Au XIIème siècle, une église romane se dressait déjà ici, haute, avec son vaisseau unique doté d'une terrasse et d'une abside à ciel ouvert. Il en reste le chevet arrondi et les fragments de sa corniche à modillons.

L'Aquitaine devint anglaise en mai 1152 par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec le Duc de Normandie et Comte d'Anjou qui devint roi d'Angleterre en 1154 sous le nom de Henri II Plantagenêt, engendrant par voie de conséquence de nombreux conflits entre la couronne de France et celle d'Angleterre.

En 1337 débute la Guerre de Cent Ans opposant Anglais et Français.

La sécurité est menacée au XIVème siècle sur Tartas, siège d'une vicomté, et sa proche banlieue, Lesgor. La Gascogne, théâtre de nombreux conflits, voit ses places fortes assiégées. Les églises s'arment pour se défendre. Un nouveau style d'architecture religieuse fait son apparition.

L'église de Lesgor, juchée sur un promontoire, est une vraie bastille que les Anglais fortifieront. Ses murailles sont surélevées, sa puissante tour carrée est un donjon avec contreforts massifs à triple retrait et à larmiers. Les archères, meurtrières, simples ou cruciformes, le chemin de ronde crénelé, tout évoque l'insécurité, la nécessité de la défense. Le chevet, dans le prolongement de la nef, à la même hauteur, contribue à donner à l'édifice son aspect guerrier. La tour du clocher était un donjon défendant particulièrement sa porte.

 

Finalement, en 1453 l'armée anglaise est battue à Castillon (Gironde). Cette victoire française met un terme à cette guerre, l'Aquitaine redevient française !!!

Depuis cette époque, l'église de Lesgor conserve intacte cette architecture défensive.

 

Quelques éléments d’architecture

 

La Tour :

Rehaussé au XIVème siècle, en même temps que l'abside et la nef, le mur de grès coquiller, en provenance de la Midouze, arbore de belles teintes rousses, violacées, jaunes et ocres. Les énormes blocs rectangulaires de la base sont liés par des joints très épais. La partie haute se compose de pierres d'un brun rougeâtre plus inégales et de moindre envergure faites en garluche. En raison des intempéries, l'entrée de cette tour se fait latéralement en façade sud. C'est une porte ogivale du XIVème en grand arc brisé, à peine biseautée et moulurée avec une arête vive. Plus haut, de gros corbeaux soutenaient une bretèche destinée, elle aussi, à défendre la porte, tout comme l'archère à angle droit de la première travée, au point de jonction du mur et du contrefort. Cette rainure verticale plaçait l'entrée dans le champ de tir et assurait une protection supplémentaire. Deux contreforts sont plantés de biais. La tour possède un toit de tuiles que surmonte en retrait une cage carrée en bois laissant passer le son des 2 cloches.

 

LE MUR SUD

La nef, haute et élancée, possède 5 contreforts romans la soutenant. Ces derniers seront surélevés plus tard pour venir épauler l'ultérieur chemin de ronde. Ce mur méridional est constitué d'un appareillage utilisant la belle pierre du pays, le grès coquiller alvéolaire venu des anciennes carrières de Carcarès. Sa matière est autrement plus riche que l'alios ou la garluche de la lande. Le mur garde la marque visible de 4 étroites ouvertures romanes de 1,5 mètres de haut sur 0,2 mètres de large, ne laissant passer qu'un minimum de jour intérieur. Au XVème siècle, la paix étant momentanément revenue, l'église s'ouvrit à la lumière avec une belle fenêtre de style gothique flamboyant.

 

LE CHEVET

Deux fenêtres éclairent l'abside. Trois contreforts volumineux dont la pierre est beaucoup moins belle (XVIIème siècle) viennent soutenir le mur. Archères et meurtrières font l'intérêt du chemin de ronde du XIVème siècle. Il n'y avait sans doute pas de toit sur l'abside mais, comme à Magescq, une terrasse à ciel ouvert. L'abside, édifiée au XIIème siècle, a la forme d'un cul de four allongé. Sculptés dans la tablette saillante, on aperçoit des modillons de facture naïve rongés par les ans : une tête de chat, un visage au nez épaté, 2 personnages dont l'un porte une moustache et 2 hommes barbus.

 

 

LE MUR NORD :

Il comprend des meurtrières rectangulaires, des archères droites ou cruciformes. Il est percé à intervalles réguliers de trous de boulin, supports d'échafaudages. La sacristie est nettement postérieure à l'époque romane.

 

L'INTERIEUR DE L'EGLISE :

Dans le porche, le bénitier en pierre de style renaissance, la serrure et le judas de la porte donnant sur la nef, présentent un certain intérêt. La porte de 1730 donnant sur l'extérieur a été remisée à l'étage près des cloches. La porte actuelle a été refaite en 2018.

A l'intérieur de la tour se trouve un escalier en bois montant vers la tribune du fond de la nef où prenaient place les hommes et les chanteurs. La tribune est agrémentée d'une balustrade du XVIIème siècle en bois, plus ou moins torsadée. Au-dessus de la voûte de lambris actuel, un plancher permet d'accéder aux combles. On peut y admirer la charpente et circuler librement vers les meurtrières, prenant ainsi conscience de toute l'efficacité de ce dispositif défensif ! L'église a été attaquée et brûlée durant les guerres de religion en 1569 par les protestants de Montgomery. C'est pourquoi les pierres ont un aspect rouge et rosâtre à l'intérieur de l'église.

La restauration intérieure de l'édifice fut effectuée en 1990. Le chœur avait été doté de tout un mobilier dans les années 1900. Le maître-autel de marbre blanc des Pyrénées est remarquable. Lorsque le prêtre parle face à l'autel, le retable renvoie le son vers les fidèles. Un trou creusé dans le mur de l'abside derrière l'autel aurait été le départ d'un ancien souterrain permettant aux assiégés d'aller chercher de l'eau la nuit dans le ruisseau en contrebas.

Deux vitraux, dont l'un fut fabriqué par la maison Bergès de Toulouse au tout début du XXème siècle, représentent Saint Jean avec le calice d'où sort le serpent et Saint Pierre, le patron de Lesgor.

 

LE CIMETIERE :

Son mur d'enclos, constitué de vieilles pierres rugueuses et noirâtres, formait jadis la première enceinte défensive. Côté nord se trouve le cimetière des enfants.

Comment y aller ?

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